Rendez-vous à la chapelle de Garrieux (Salses-le-Château - 66) en ce dimanche de Pentecôte...
Nous partons par une piste tout d’abord bordée de vergers d’abricotiers, puis nous arrivons dans un milieu de prairies humides. Ces prairies « à grandes herbes » sont caractérisées par deux
espèces herbacées en grandes touffes très structurantes, le scirpe-jonc (Scirpoides holoschoenus) et la molinie bleue (Molinia caerulea). Elles s’étendent en arrière de la bordure sud-ouest de la
lagune de Salses-Leucate, entre le hameau de Garrieux et Saint-Hippolyte. Parmi les touffes de joncs, de très nombreux Anacamptis palustris (Ant. palustris) à grandes fleurs composent une palette
allant du rare blanc au violet en passant par toutes les déclinaisons de rose et de mauve, couleurs les plus répandues. Anacamptis palustris est une plante élancée, à l’inflorescence
en épi long, cylindrique et sublaxiflore. Le labelle trilobé s’étale en éventail, ponctué de traits ou de tâches violacées. A trois reprises un papillon, Ematurga atomaria, est observé par
Daniel Vizcaïno sur des fleurs d’Ant. palustris, en faisant un pollinisateur potentiel ??
La deuxième espèce remarquable occupant ces prairies est Platanthera algeriensis, au port robuste avec une tige glabre fortement cannelée, vert jaunâtre. L’inflorescence est un épi
cylindrique composé de grandes fleurs peu serrées, à labelle blanc à la base, verdâtre à l’extrémité fortement rabattue. Les loges polliniques sont divergentes.
Serapias vomeracea est également abondant, en pleine floraison à fâné. Anacamptis pyramidalis est rare. Toutefois, un hybride Ant. pyramidalis * Ant. palustris aux fleurs violet foncé est en fin
de floraison.
Une prospection dans les prairies alentour, nous permet de découvrir environ 100 pieds de Platanthera algeriensis.
La deuxième partie de la journée nous allons à Roquefort-des-Corbières (11), sous la houlette de Pierre Brothier. Dans cette zone à garrigue des Corbières, comme partout dans ce type de
milieu cette année, les espèces à voir à cette date sont déjà largement fanées depuis 15 jours : Ophrys corbariensis, Ophrys apifera (1 pied à 2 dernières fleurs), Epipactis tremolsii
en fruit. Quelques Anacamptis pyramidalis sont encore en fleur. Mais le but de la visite était Epipactis kleinii, lui aussi en majorité fâné. Quelques pieds encore en fleur étant assaillis
par les photographes.
La plus importante station d'Epipactis kleinii de Roquefort-des-Corbières, d'une superficie approximative de 3 ha, est située sur un versant exposé plein sud.
Cette zone a partiellement été cultivée (vigne) jusqu’aux années 1960 ou 1980 selon les parcelles. La vigne arrachée, elle a été envahie par la végétation, notamment par les pins d'Alep. En 2009,
un incendie ravage toute la zone. En 2015, les versants sud de la zone incendiée sont traités au broyeur. Les premières observations d'E. kleinii in situ semblent réalisées en 2018; le suivi plus
ou moins systématique de la population est effectif depuis 2019. Cette dernière est globalement stable sauf sur les zones où les espèces endémiques à forte densité au sol et plus grande hauteur
prennent le dessus. On note, malheureusement, de plus en plus de pousses de pins d’Alep sur ces parcelles.
Le contrat de la journée étant rempli, la chaleur nous ayant bien assommés, le départ est sonné !